FAYL - BILLOT  AU  COURS  DES  SIECLES SA  VANNERIE

XXème SIECLE. L'APOGEE ET LE DECLIN
DES  ANNEES  60  AUX  ANNEES  90.

 

A partir des années 60, les industries de l'osier et du rotin rentrent dans une nouvelle phase de régression. Dans beaucoup de domaines les objets d'osier et de rotin, tressés manuellement, sont remplacés par des articles de bois, de métal, de carton et de plastique fabriqués mécaniquement et lancés sur les marchés à des prix très modiques. Dans le même temps  la libéralisation des échanges internationaux favorise l'entrée en France de vanneries importées massivement et à très bas prix de Chine et de divers pays asiatiques, de pays d'Europe centrale, d'Italie et aussi d'Espagne.

A cette concurrence venue de "l'intérieur" et de "l'extérieur", vient s'ajouter le poids de nouvelles charges professionnelles :
- Versement de cotisations sociales calculées sur les salaires, compensé il est vrai par diverses prestations, maladie, accident, invalidité, vieillesse, etc.
- Application d'une taxe dite de "luxe" dont le montant fixé à 15, 20, ou 25 %, selon les articles, s'ajoute au prix de vente des objets classés dans cette catégorie : vanneries pour fleuristes et confiseurs, vanneries transformées c'est à dire garnies de tissus ou munies d'accessoires divers, tables de télévision, miroirs encadrés d'osier ou de rotin, etc.

Les actions entreprises par la "Chambre Syndicale Nationale de la Vannerie" ( demandes de réduction des importations de vanneries et d'allégement des charges sociales et fiscales ) et les campagnes publicitaires menées par le groupement "PROMOTION VANNERIE DE FRANCE" ne parviennent pas, malgré quelques résultats positifs, à enrayer le mouvement de récession. La branche vannerie fine et vannerie de fantaisie est particulièrement touchée par l'afflux de vanneries étrangères et d'objets en céramique et en plastique qui, chez les fleuristes et les confiseurs, se substituent peu à peu  à l'osier et au rotin.

Les conséquences de cette évolution des "tendances" se manifestent bientôt chez les fabricants et les négociants en vannerie qui voient, non sans inquiétude, se réduire le contenu de leurs carnets de commandes.
Afin de remédier à cet état de chose, les Etablissements CHATEAU frères décident d'associer le travail de l'osier et celui du rotin. Commençant par la confection de petits meubles, ils abordent ensuite la fabrication du gros mobilier,(sièges, tables,lits, etc.) à partir de 1970, date de l'achat du fonds de la fabrique PETITOT.

La grosse vannerie connaît aussi de sérieuses difficultés. Les articles traditionnels sont de moins en moins demandés. Quelques vanneries sont abandonnées définitivement. Le dernier "VAN" de Fayl-Billot a été fabriqué au début des années 50 par monsieur Alexandre PERNEE et le dernier "CABAS" à la même époque par monsieur Jules PERNEE, frère du précédent.

Messieurs CRANCE de Bussières et LINOTTE de Troischamps seront les derniers fabricants de cabas de la région jusqu'à la fin des années 60. Les négociants en vannerie de Fayl s'approvisionneront quelque temps encore dans le Jura à SAINT-AUBIN, MARIGNY, DOUCIER (vans) et à LA LOIE, la VIEILLE LOYE, CHISSEY et SANTANS (cabas).
 
Fort heureusement d'autres vanneries gagnent les faveurs du grand public influencé par les revues d'ameublement et de décoration et acquis à un nouveau style de vie. Vient alors la vogue des sièges et des tables d'osier, certains modèles étant associés à un piétement métallique. Ce mobilier léger et pratique, facilement transportable, est disposé sur les terrasses et dans les jardins; il est accompagné de paniers-bars, de porte-revues, de diverses corbeilles de table. A l'intérieur de la maison c'est le temps des paravents d'osier, des banquettes, des coffres à linge et à jouets, des cages à oiseaux, des hottes à fleurs, des miroirs bordés d'osier et de rotin, des corbeilles à chiens et à chats... Près des cheminées "réhabilitées" après une longue période d'abandon, on dispose paniers et coffres à bois. On tente d'allier l'osier et le rotin à la céramique, au verre, au métal, au bois (corbeilles, coupes, vases) avec l'idée de créer de nouveaux contrastes et une "dualité" des matériaux susceptible de séduire le consommateur et d'éveiller son désir. Le laquage est de nouveau à la mode, mais cette fois dans les tons pastel.

Parallèlement à l'épanouissement de tous ces articles de mode se développe aussi la fabrication de quelques vanneries purement utilitaires :mannes et paniers de blanchisserie, présentoirs de toutes sortes pour magasins de grande distribution, paniers à provisions divers à bras ou montés sur roulettes (caddies), etc.

Cette instabilité du marché de la vannerie, sa mouvance, oblige beaucoup de fabricants, industriels et artisans, à sortir de leur spécialisation et de leur isolement et à mettre en pratique toutes les ressources de la technologie vannière. La profession, comme beaucoup d'autres, entre à son tour dans le mouvement de la formation permanente.(voir la création du Centre de formation professionnelle pour adultes).

Le rajeunissement du catalogue de la vannerie, les exportations vers la Suisse, l'Allemagne, les U.S.A., le Japon, etc., ne parviennent pas à redresser durablement la situation. Le malaise ressenti dès les années 60, s'accentue au cours des décennies suivantes.
A Fayl-Billot et dans la région beaucoup de jeunes vanniers quittent le métier et cherchent des emplois dans la fonction publique et dans le secteur industriel et commercial. La jeunesse préfère les conditions de vie du salarié à celles de l'artisan. Ce mouvement d'abandon entraîne, avec le départ en retraite des vanniers âgés, une réduction graduelle de la main-d'œuvre. La production décroît et ne peut plus satisfaire quantitativement à des demandes occasionnelles ce qui détourne parfois de la vannerie une clientèle potentielle.
A Fayl-Billot, le nombre de vanniers "actifs" qui était encore de 132 en 1936 et de 130 en 1946, est descendu à 57 en 1968 et à 24 en 1980.

Il ne reste aujourd'hui dans la région qu'une soixantaine de vanniers en activité, tous très attachés à leur métier, bien décidés à le faire vivre malgré les difficultés rencontrées, et à perpétuer ses valeurs, fruits d'un héritage séculaire. Puissent leurs efforts et toutes les actions entreprises pour soutenir la profession et la rendre attractive, susciter  des  vocations, et encourager des jeunes gens, séduits par l'art de tresser l'osier et le rotin, à reprendre le flambeau
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